Albert Gustave GOUGEARD (1836 – 1891)
Albert Gustave GOUGEARD voit le jour le 28 avril 1836, à Bec-De-Mortagne, un village de Seine-Maritime niché dans la campagne normande. À cette époque, sous la monarchie de Juillet et le règne de Louis-Philippe Ier, la France connaît une relative stabilité après les tumultes révolutionnaires.
Albert est le fils légitime de Jean Pierre GOUGEARD, maître meunier, et de Florence Véronique LEGRAND, fileuse de lin et journalière. Il grandit dans une famille nombreuse, entouré de ses frères et sœurs : Rose Véronique (née le 3 avril 1822), Clarisse Léopoldine (née le 14 mai 1830), Flavie Émilienne (née le 12 septembre 1833), Elfred Edmond (né le 21 novembre 1834).
La naissance d’Albert est enregistrée par son père, Jean Pierre, en présence de deux témoins, Thomas Alexis QUESNE, 33 ans, tisserand et Jacques Policarpe FONTAINE, 39 ans, tisserand.
Durant les années 1840, Albert passe son enfance dans une France rurale qui commence à ressentir les effets de l’industrialisation. Les campagnes normandes, bien que profondément agricoles, voient l’apparition de nouvelles techniques. Cependant, la vie quotidienne reste rythmée par le travail au moulin et les traditions locales.
En 1848, alors qu’Albert a 12 ans, la Révolution de février renverse Louis-Philippe et établit la Deuxième République. Cette période d’espoir est marquée par l’instauration du suffrage universel masculin, mais également par des tensions sociales.
En 1866, Albert, âgé de 30 ans, se fiance avec Victoire Mélanie DUBUISSON, une journalière et domestique d’origine modeste dont les parents sont inconnus. Les bans de mariage sont publiés à Montivilliers les 16 et 23 décembre 1866, et le contrat de mariage est signé devant Maître Lemessier, notaire de la ville, le 6 janvier 1867.
Mais le jour de ce mariage, le 7 janvier 1867, est assombri par le décès de son père, Jean Pierre GOUGEARD, survenu la veille, le 6 janvier 1867, à l’âge de 69 ans.
La cérémonie à Montivilliers réunit des proches témoins des solidarités familiales et professionnelles : Prosper LEGRAND, sénateur et oncle d’Albert, âgé de 55 ans, Edouard Eugène LE ROUX, neveu de l’époux, âgé de 30 ans, Albert GOUGEARD, frère de l’époux et garde-moulin, âgé de 32 ans, Charles Honoré VIMONT, beau-frère de l’époux, ourdisseur, âgé de 36 ans. Le couple s’installe à Montivilliers, où Albert continue à exercer son métier de garde-moulin.
Le 3 janvier 1868, leur fils unique, Albert Gustave Eugène GOUGEARD, naît à Montivilliers. C’est une période de grande joie pour le couple, mais le bonheur est de courte durée. Le 15 mai 1870, Albert perd sa mère, Florence Véronique LEGRAND, décédée à son domicile à Bec-De-Mortagne, à l’âge de 66 ans.
Dans le même temps, la France traverse une période tumultueuse. En 1870, la guerre franco-prussienne éclate, entraînant la défaite de la France et la chute du Second Empire. La proclamation de la Troisième République en 1871 marque un tournant, mais les campagnes ressentent les conséquences économiques et sociales de ces bouleversements.
En 1891, Albert est mentionné comme "ancien garde-moulin" sur un acte officiel, reflétant son retrait progressif d’un métier menacé par la mécanisation et la concurrence des moulins industriels.
Albert s’éteint le 18 mars 1891, à l’âge de 54 ans, à son domicile situé Rue Oscar Germain à Montivilliers. À ses côtés se trouvent deux amis fidèles : Jean Louis Ferdinand CHAMPEL, 34 ans, horloger, Ursin Evode LANCHOUT, 59 ans, perruquier.
Albert Gustave GOUGEARD a traversé des événements majeurs de l’histoire française : la révolution de 1848, le Second Empire de Napoléon III, la guerre franco-prussienne, et les débuts de la Troisième République. Son existence témoigne de la transition entre une France rurale, marquée par des métiers traditionnels comme celui de garde-moulin, et une France moderne où l’industrialisation transforme profondément la société.
Malgré les bouleversements de son époque, Albert a su préserver les valeurs de sa famille et transmettre son héritage à travers son fils, Albert Gustave Eugène. Aujourd’hui, son histoire reste une fenêtre ouverte sur un passé riche de labeur, de drames, et de résilience.