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(Sosa 8)

Edmond Edouard GOUGEARD voit le jour le 10 décembre 1857 à Épouville, en Normandie, sous le Second Empire de Napoléon III. Cette période est marquée par une industrialisation croissante, mais Épouville reste encore profondément ancrée dans les traditions rurales. La vie de la famille GOUGEARD tourne autour des moulins, essentiels pour moudre le grain dans une économie encore majoritairement agricole. Son père, Elfred Edmond GOUGEARD, garde-moulin, assure un métier clé pour la communauté, tandis que sa mère, Prudence Victorine BAUDOUIN, travaille comme vermicellière, témoignant de l'importance du travail manuel dans cette société.

Dans les années 1860, Edmond traverse une époque de changements profonds. En 1870, alors qu’il n’a que 13 ans, éclate la guerre franco-prussienne, qui marque la chute de Napoléon III et la fin du Second Empire. Le contexte troublé de la Commune de Paris (1871) et la proclamation de la Troisième République influencent l’environnement politique et économique. La perte de l’Alsace-Lorraine et la montée du nationalisme marquent cette génération.

Edmond perd sa mère en 1875, à seulement 18 ans, un événement personnel tragique qui reflète les incertitudes de l’époque.

En tant que meunier et ouvrier de minoterie, Edmond participe à une industrie essentielle qui évolue rapidement avec l'arrivée des nouvelles technologies. La mécanisation des moulins, dans les années 1880, transforme le travail manuel en une activité semi-industrielle. Les moulins à eau et à vent traditionnels cèdent progressivement la place à des structures modernisées fonctionnant à la vapeur. Edmond, en tant que garde-moulin, vit cette transition de près, au cœur des campagnes normandes.

Le 27 septembre 1884, Edmond épouse Élise Maria DUTOT à Épouville. La Normandie, bien que rurale, n’échappe pas à l’influence des transformations industrielles du Havre, ville voisine. Ensemble, ils élèvent sept enfants, symboles de la continuité familiale dans un monde en mutation. Ces enfants grandissent dans une Normandie où la modernité commence à imprégner les modes de vie.

Leurs unions successives témoignent de l’adaptation de la famille GOUGEARD au tissu social normand : Élise Marguerite GOUGEARD (1878-1930), qui incarne la transition de la vie rurale à la vie urbaine en s'installant au Havre. Gaston Jules GOUGEARD (1888-1934), né à une époque où la France de la Belle Époque est en pleine effervescence, héritera d'une vie marquée par la Première Guerre mondiale.

Edmond décède prématurément le 21 novembre 1903 à Graville-Sainte-Honorine, un lieu qui deviendra plus tard un quartier du Havre. À ce moment-là, la France est en pleine Troisième République, marquée par la consolidation des institutions démocratiques et la révolution industrielle.

Son décès coïncide avec une période de grande transformation : l’Exposition universelle de Paris en 1900 a démontré la modernité croissante du pays, mais la vie des ouvriers, comme Edmond, reste dure et marquée par la précarité. Les routes nationales, où Edmond trouve la mort, symbolisent ces nouveaux liens entre les territoires, mais aussi les risques liés à la modernisation.

Les enfants d’Edmond traverseront les deux guerres mondiales, affrontant les bouleversements du XXe siècle. Notamment : Gustave Jules GOUGEARD, tombé au front en 1916, illustre le sacrifice familial durant la Première Guerre mondiale. Yvonne Madeleine GOUGEARD, mariée à un décoré de la Croix de Guerre, incarne la mémoire d’une famille marquée par les conflits mais résiliente face aux défis.

Les GOUGEARD incarnent une famille de transition, vivant entre le monde rural du XIXe siècle et les bouleversements modernes du XXe siècle. Ils traversent des périodes historiques marquantes : Révolutions industrielles, qui transforment leur métier et leur cadre de vie. Conflits mondiaux, où leurs descendants participent activement. Urbanisation croissante, marquée par l'intégration de Graville au Havre.