biographie-et-histoire-de-mes-aeuils

biographie-et-histoire-de-mes-aeuils

Pierre Edmond


GOUGEARD Pierre Edmond : Un parcours ancré dans l'histoire du XXe siècle

-Gougeard Pierre Edmond

 

Les Premiers Instants — Naissance et Fragilité

 

Le 18 octobre 1928, dans une maison modeste du Havre, au 42 rue de la Verrerie, naquirent deux garçons, jumeaux. Le premier, Henri Marcel, vint au monde à 16 heures, suivi d’une minute par son frère, Pierre Edmond. Mais dès leur arrivée, le sort semblait jouer un jeu cruel : les médecins, inquiets, annoncèrent que Pierre Edmond, le deuxième-né, était si fragile qu’il ne survivrait probablement pas.

Pourtant, contre toute attente, ce fut lui qui triompha de la vie. Son frère Henri Marcel, pourtant né en premier, s’éteignit neuf mois plus tard, le 9 août 1929. Cette disparition prématurée pesa comme une ombre dans la maison familiale, une ombre que Pierre Edmond portera en lui tout au long de sa vie.

La famille Gougeard, alors établie dans ce quartier ouvrier du Havre, devait faire face à la dureté de l’existence dans l’entre-deux-guerres, une époque marquée par l’après Première Guerre mondiale et les prémices d’une crise économique qui allait bientôt bouleverser le monde.

 

Une Enfance dans l’Ombre des Épreuves

 

Les années 1930 s’annonçaient difficiles. Pierre Edmond grandissait au Havre, dans une famille touchée par le deuil et les bouleversements du temps. La disparition de son frère Henri Marcel avait laissé un vide douloureux. Mais d’autres épreuves allaient suivre.

En 1933, alors que Pierre n’avait que cinq ans, sa mère, Germaine Emilienne Delphine Foucart, s’éteignit. Ce fut un choc terrible pour la famille. La maison du 42 rue Alphonse Tourres, à Graville-Sainte-Honorine, semblait perdre peu à peu sa chaleur. La même année, sa sœur Simone se maria, un événement qui marqua un espoir et une continuité dans la famille.

Les années suivantes ne furent pas plus clémentes : la grand-mère paternelle, Elise Maria Dutot, disparut en 1934, suivie peu après par le décès de Gaston Jules Gougeard, le père de Pierre Edmond, en novembre de cette même année. À seulement six ans, Pierre Edmond avait déjà vu s’éteindre trois figures majeures de sa vie.

Malgré ces drames, la vie continuait dans le Havre. Le pays tout entier vivait sous le poids de la Grande Dépression, commencée avec le krach boursier de 1929, qui plongeait des millions de familles dans la précarité. La montée des tensions politiques et sociales se faisait sentir partout.

Le Front populaire, coalition de partis de gauche, remportait une victoire éclatante en 1936, promettant des réformes sociales ambitieuses, dont les congés payés, qui allaient transformer la vie des travailleurs.

Dans ce contexte, Pierre Edmond apprenait à grandir, à résister, à trouver dans les liens familiaux, bien que fragiles, la force de continuer.

 

Adolescence en Temps de Guerre

 

Pierre Edmond avait dix ans quand la Seconde Guerre mondiale éclata en 1939. Le Havre, port stratégique de Normandie, devint rapidement une cible des bombardements. La guerre s’infiltra dans chaque recoin de la ville et de la vie de ses habitants.

En 1940, l’arrivée de Philippe Pétain au pouvoir ouvrit une page sombre de l’histoire française. La défaite, l’occupation allemande, la collaboration, et la Résistance transformèrent le quotidien de Pierre Edmond et de sa famille.

Son adolescence fut marquée par la peur, la faim, les restrictions. Mais aussi par la solidarité silencieuse et le courage discret de ceux qui refusaient la domination étrangère. Le décès de sa grand-mère maternelle Emma Delphine Mitrou en 1941 fut un autre coup dur, tandis que les appels à la liberté lancés par Charles de Gaulle résonnaient à la radio, alimentant l’espoir.

En 1944, la libération arriva, accompagnée de l’espoir d’un avenir meilleur. Les femmes votèrent pour la première fois en 1945, symbole d’un changement profond dans la société française.

Pierre Edmond, alors adolescent, vit cette période charnière où le passé douloureux se mêlait à la promesse d’une reconstruction et d’un renouveau.

 

Un Homme dans l’Après-Guerre

 

Les années cinquante s’annonçaient comme une ère de reconstruction pour la France, et pour Pierre Edmond aussi. Installé désormais en région parisienne, à Épinay-sur-Seine, il trouva sa place dans la société comme manœuvre spécialisé OLIDA, avant de devenir préparateur de commandes dans un dépôt annexe.

En 1953, la naissance de son fils Alain Fernand René à Enghien-les-Bains apporta un nouveau souffle à sa vie. Ce fut un temps de travail acharné, mais aussi de petites joies familiales. Deux ans plus tard, en 1955, il épousa Yvette Bichard, avec qui il forma une famille solide et unie. Leur foyer s’agrandit rapidement avec la naissance de Jean Pierre Georges Papy en 1955, de Dominique Jeanne Simone en 1959, de Patrick Henri Gaston en 1962, puis de Ghislaine Marcelle Yvette en 1965.

La France de cette époque évoluait à grande vitesse : la naissance de la Communauté Économique Européenne en 1957, l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle en 1959, la fin de la guerre d’Algérie en 1962. Ces événements nationaux influençaient la vie quotidienne de Pierre Edmond, tout comme les mouvements sociaux, notamment les grandes grèves et les manifestations de Mai 68, qui bousculèrent le pays en 1968.

À Épinay-sur-Seine, Pierre Edmond fut reconnu pour son travail et sa rigueur, recevant la Médaille du Travail, cinq louis d’or à la clé, récompensant son engagement professionnel.

Malgré les épreuves et les bouleversements historiques, il sut bâtir une famille unie, transmettre des valeurs de courage et de persévérance, et vivre pleinement son rôle d’époux, de père, et de citoyen.

 

Les Dernières Années et l’Héritage

 

Les années soixante-dix arrivèrent doucement, marquant pour Pierre Edmond le temps des bilans et du repos après une vie de travail et de dévouement. En 1972, la famille fut touchée par le décès de sa sœur Germaine Marcelle à Paris, un moment de tristesse qui rappela à Pierre Edmond la fragilité de la vie.

Le 14 juillet 1972, à l’âge de 43 ans, Pierre Edmond s’éteignit à l’hôpital de Montmorency, laissant derrière lui une famille nombreuse et aimante. Son corps fut inhumé quelques jours plus tard à Épinay-sur-Seine, dans cette ville où il avait tant œuvré et vécu.

Son existence fut un témoignage humble mais vibrant d’une époque : des années d’après-guerre à la modernité naissante, il incarna l’homme simple, travailleur et fidèle à ses proches. Il avait traversé les vicissitudes du XXe siècle – la crise de 29, la guerre, les transformations sociales – avec courage et dignité.

Aujourd’hui, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants portent en eux ce nom et cette mémoire. Le récit de sa vie est un hommage à la force des racines familiales et à la résilience face aux épreuves.

 


14/12/2024
0 Poster un commentaire