biographie-et-histoire-de-mes-aeuils

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Clarisse Léopoldine GOUGEARD (1830-1854)

Elle naît le 3 mars 1830, à Bec-de-Mortagne, une petite commune de Normandie. Elle est la deuxième fille de Jean Pierre GOUGEARD, maître meunier et garde-magasin, et de Florence Véronique LEGRAND, fileuse de lin. À sa naissance, sa sœur aînée Rose Véronique a déjà huit ans, ancrant Clarisse dans une fratrie qui connaît les défis de la vie rurale dans la France du début du XIXe siècle.

L’année 1830 est marquée par des bouleversements majeurs en France : la Révolution de Juillet met fin au règne de Charles X et inaugure la monarchie de Juillet sous Louis-Philippe Ier, le "roi des Français". Bien que ces événements se déroulent à Paris, leurs répercussions atteignent les campagnes normandes, où les tensions sociales et politiques se font sentir.

Comme sa mère, Clarisse grandit dans un environnement où le travail manuel est omniprésent. En tant que fileuse de lin et plus tard tisserande, elle participe à l’économie textile locale, une industrie essentielle en Normandie avant l’avènement des grandes manufactures. Mais dès 19 ans, elle travaille aussi comme domestique, ce qui reflète la condition des jeunes femmes issues de milieux modestes, souvent employées dans des fermes ou des maisons bourgeoises pour subvenir à leurs besoins.

Le 31 mars 1849, à l’âge de 19 ans, Clarisse donne naissance à une fille, Flavie Léopoldine. À cette époque, elle n’est pas encore mariée. La naissance d’un enfant hors mariage est un fait encore mal perçu dans la société conservatrice du XIXe siècle, mais elle reflète aussi une réalité commune dans les milieux populaires, où la vie est marquée par des contraintes sociales et économiques.

Deux ans plus tard, le 17 mars 1851, Clarisse donne naissance à son fils Gustave Albert. Le père de cet enfant n’est pas connu, ajoutant une nouvelle complexité à sa vie. Malgré ces défis, elle continue de travailler comme journalière, illustrant son rôle de femme active et indépendante dans une société en mutation.

En 1852, Clarisse épouse Victor Théophile LEJEUNE, un journalier dont les origines sont incertaines, comme celles de nombreux travailleurs itinérants de l’époque. Leur mariage, célébré le 29 septembre 1852, officialise une union qui inclut déjà deux enfants et prépare un avenir familial commun.

Quelques mois plus tôt, le 28 septembre 1852, Clarisse avait donné naissance à une fille, Marie Clarisse. Ensemble, le couple aura une troisième enfant, Léontine Ernestine, née le 24 janvier 1854.

Le début des années 1850 marque une période de transformation en France. Avec l’avènement du Second Empire en 1852 sous Napoléon III, l’État met en œuvre des réformes visant à moderniser le pays. Les campagnes voient des débuts timides d’industrialisation, mais les conditions de vie des ouvriers et journaliers restent précaires. Clarisse, devenue tisserande en 1854, représente ces femmes qui participent à la transition économique tout en restant enracinées dans les tâches domestiques et familiales.

Le 5 février 1854, à l’âge de seulement 23 ans, Clarisse décède à Bec-de-Mortagne. Sa mort survient peu après la naissance de sa fille Léontine, ce qui suggère que des complications liées à l’accouchement ou à une maladie fréquente de l’époque pourraient en être la cause. Son décès illustre la dure réalité des femmes de sa génération, souvent épuisées par les grossesses rapprochées et les conditions de vie difficiles.

Malgré sa courte vie, Clarisse laisse un héritage précieux à travers ses enfants : Flavie Léopoldine, née hors mariage, incarne la résilience face aux jugements sociaux. Gustave Albert, dont le père reste inconnu, témoigne des défis de la maternité en dehors des structures familiales traditionnelles. Marie Clarisse et Léontine Ernestine, issues de son union avec Victor Théophile LEJEUNE, représentent l’espoir d’une nouvelle génération.



29/12/2024
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