Édouard Henri Gougeard (1880-1923)
Né le 24 mars 1880 dans le paisible hameau de la Forge, à Épouville en Seine-Maritime, Édouard Henri Gougeard vint au monde dans une famille modeste mais solidement ancrée dans le labeur et la tradition. Son père, Edmond Édouard Gougeard, était un homme de métier : garde-moulin et ouvrier dans une minoterie, un travail à la fois physique et technique. Sa mère, Élise Maria Dutot, couturière et journalière, portait avec détermination les responsabilités domestiques. C’est dans ce foyer de travailleurs que grandirent Édouard et ses nombreux frères et sœurs.
Durant son enfance, Édouard vit la IIIe République consolider ses bases, tandis que le monde rural commençait à ressentir les premiers frémissements de la révolution industrielle. La région normande, où il passa ses premières années, mêlait encore le calme des campagnes à l’effervescence des ports comme celui du Havre, à quelques kilomètres de chez lui.
À l’âge de quatre ans, il fut légitimé par le mariage de ses parents, un événement marquant pour une époque où les enfants nés hors mariage portaient souvent un stigmate social.
Adolescent, Édouard devint journalier, un métier précaire mais courant pour les hommes de son milieu. Les grandes grèves ouvrières des années 1890 marquèrent probablement son esprit. Il vit son père disparaître prématurément en 1903, ce qui dut le propulser dans un rôle de soutien familial.
L’année suivante, il devint père pour la première fois, mais connut aussitôt la tragédie de perdre sa fille Augustine peu après sa naissance. Ces épreuves forgèrent chez lui une résilience certaine.
En 1905, Édouard épousa Augustine Pauline Garnier à Graville-Sainte-Honorine, aujourd’hui intégrée au Havre. Ce mariage fut une union de deux familles d’ouvriers confrontées aux défis de l’industrialisation naissante. Leur vie conjugale fut marquée par des déménagements fréquents, suivant les opportunités d’emploi d’Édouard, qui travailla sans relâche pour nourrir sa famille grandissante.
Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), Édouard ne fut probablement pas mobilisé, étant déjà père de plusieurs enfants. La guerre bouleversa cependant leur quotidien, forçant sa famille à migrer vers Monceau-sur-Sambre, en Belgique, dans le Hainaut. Ces déplacements montrent une quête de stabilité dans une Europe en crise. Il y vit naître trois de ses enfants, témoins de l’adaptabilité de cette famille dans un contexte instable.
Dans les années 1920, Édouard revint au Havre, s’établissant au 42 rue de la Verrerie, un quartier ouvrier en pleine reconstruction après les années de guerre. Les années folles étaient une époque d’intense changement, mais pour Édouard, ce fut une période de santé déclinante. Journalier jusqu’à ses derniers jours, il succomba le 30 octobre 1923 à l’hôpital Pierre Jarret. Il laissait derrière lui une famille étendue, marquée par l’amour du travail et un profond attachement aux racines.
La descendance d’Édouard se dispersa en Normandie, au Havre et même en Belgique. Ses enfants perpétuèrent son esprit de résilience, inscrivant leur histoire dans les bouleversements sociaux du XXe siècle. Aujourd’hui, leur mémoire demeure vivante à travers les recherches généalogiques qui ravivent les récits d’une époque révolue.