Émile André Joseph Gougeard (1888–1888)
Le 15 juin 1888, dans le petit hameau de la Queue du Chien à Épouville, Émile André Joseph Gougeard voit le jour. Il est le neuvième enfant d’Elfred Edmond Gougeard, garde-moulin âgé de 53 ans, et de Léontine Marie Séchet, cuisinière de 31 ans. Malgré le poids des années pour le père et les épreuves déjà traversées par la famille, la naissance d’Émile symbolise un nouvel espoir au sein de cette grande fratrie.
Né dans une famille modeste mais courageuse, Émile arrive dans un foyer déjà rempli de vie. Ses frères et sœurs aînés, certains déjà adultes, ont grandi dans un contexte de dur labeur à la campagne normande. Ses parents, bien que dotés d’une certaine expérience, sont encore confrontés aux incertitudes de la vie rurale et aux fréquentes tragédies liées à la mortalité infantile.
L’année 1888 est une période de transition en France, où la République consolidée continue d’apporter des réformes sociales et éducatives, bien que ces progrès tardent à atteindre les coins les plus reculés du pays. Dans les campagnes, la lutte contre les maladies reste un combat de tous les jours, et les conditions sanitaires sont rudimentaires.
Malheureusement, la vie d’Émile s’interrompt prématurément. À seulement 3 mois, il décède le 1er octobre 1888 dans la maison familiale à Épouville. La cause de sa mort, bien qu’inconnue, est probablement liée aux maladies infantiles qui sévissent à l’époque : rougeole, coqueluche ou infections respiratoires, contre lesquelles il n’existait encore aucun remède efficace.
Pour Elfred Edmond Gougeard, qui se rend une fois de plus à la mairie pour déclarer la perte de son enfant, c’est un nouveau coup dur, venant s’ajouter aux précédents décès de Jeanne Evelina (1885) et Émile Gilbert (1888). Ces pertes successives témoignent de la fragilité de la vie en milieu rural à la fin du XIXe siècle, où chaque naissance était un défi autant qu’une promesse.
Bien qu’il ait passé peu de temps parmi les siens, Émile André Joseph Gougeard reste un maillon de l’histoire familiale. Sa courte existence s’inscrit dans le récit de cette famille normande, où chaque enfant, même éphémère, représente un fragment de vie, d’espoir et de résilience face aux épreuves. La mémoire de ces vies brèves reflète la dure réalité de l’époque, mais aussi la force des liens familiaux qui les transcendent.