Émile Gilbert Gougeard (1886–1888)
Dans le hameau paisible de la Queue du Chien, à Épouville, Émile Gilbert Gougeard voit le jour un samedi 28 août 1886, au domicile de ses parents. Né dans une famille modeste mais soudée, il est accueilli comme le huitième enfant d'Elfred Edmond Gougeard, garde-moulin de 51 ans, et de Léontine Marie Séchet, âgée de 29 ans. La vie de la famille est simple, marquée par le travail acharné et l'attachement aux valeurs rurales dans une Normandie encore largement dominée par les traditions.
À la déclaration de sa naissance, Elfred Edmond Gougeard est accompagné de deux témoins représentatifs de la société d’alors : François Éloi Fleurigand, un instituteur de 42 ans, et Louis Sénateur Vallée, un blanchisseur de linge de 31 ans. La présence de ces hommes illustre deux aspects fondamentaux de la France de la fin du XIXe siècle : l’éducation publique qui prend une place croissante dans les communautés rurales, et les métiers artisanaux qui rythment la vie locale.
Émile grandit dans une fratrie où ses aînés, certains déjà adultes, veillent sur lui : Edmond Édouard (1857), Albertine Adine (1860), Marie Louise (1862), Marguerite Eugénie (1869), Henri Albert (1871), et Gustave Jules (1874). Mais ce bonheur familial reste fragile, dans une époque où les conditions de vie sont difficiles et où les maladies infantiles sont monnaie courante.
L’année de la naissance d’Émile est marquée par des progrès technologiques et industriels. En France, la construction des infrastructures ferroviaires se poursuit, reliant de plus en plus de régions et ouvrant les campagnes au monde extérieur. Cependant, cette modernité naissante peine à améliorer les conditions de vie dans des villages comme Épouville. Les familles nombreuses, comme les Gougeard, doivent lutter contre la pauvreté et l'insalubrité, ce qui rend les enfants particulièrement vulnérables aux maladies.
Le destin d’Émile s’achève tragiquement le dimanche 15 janvier 1888, à l’âge de 16 mois, dans la maison familiale. À dix neuf heures, il rend son dernier souffle, probablement victime d’une maladie infantile, telles que la diphtérie ou la pneumonie, qui étaient fréquentes et souvent fatales à cette époque. Son père, Elfred, alors âgé de 53 ans, se rend une nouvelle fois à la mairie pour déclarer la perte de son enfant. Il est accompagné de Louis Edmond Dumois, un voisin confiseur de 34 ans, qui partage probablement la douleur des Gougeard.
La perte d’Émile est une nouvelle tragédie pour cette famille déjà marquée par le décès de Jeanne Évelina, survenu trois ans plus tôt en 1885. Ces drames illustrent les épreuves quotidiennes des familles modestes de la fin du XIXe siècle, pour qui chaque naissance était un espoir, mais aussi un risque face aux aléas de la vie.
Bien que courte, la vie d’Émile Gilbert Gougeard témoigne d’un chapitre d’une époque rude, où chaque famille devait faire preuve d’une immense résilience. Si son passage sur Terre fut bref, son souvenir reste une pierre dans l’édifice des histoires familiales, rappelant à quel point ces récits façonnent la mémoire collective et l’identité d’une lignée.
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