Ernest Omer Gougeard (1841-1862)
Ernest Omer Gougeard naît le jeudi 16 septembre 1841 à onze heures à Bec-de-Mortagne (Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime). Il est le fils de Jean Pierre Gougeard, garde-magasin et maître meunier, âgé de 40 ans, et de Florence Véronique Legrand, fileuse de lin et journalière, âgée de 37 ans. La famille Gougeard incarne les réalités modestes d’une Normandie rurale, où l’économie repose largement sur l’agriculture, les moulins, et le travail artisanal.
Ernest est le cadet d’une fratrie nombreuse, comprenant : Rose Véronique (1822), l’aînée, qui assiste probablement sa mère dans les tâches ménagères et familiales. Clarisse Léopoldine (1830), dont l’enfance est marquée par les responsabilités domestiques. Flavie Émilienne (1833), alors adolescente à la naissance d’Ernest. Elfred Edmond (1834), un frère aîné qui pourrait lui servir de modèle. Albert Gustave (1836), le cadet précédent.
Ernest grandit sous le règne de Louis-Philippe Ier, puis traverse les bouleversements politiques de la Révolution de 1848 et l’avènement du Second Empire sous Napoléon III en 1852. Enfant du monde rural, il est témoin des premiers frémissements de l’industrialisation qui gagnent peu à peu les campagnes françaises. Malgré ces changements, les Gougeard poursuivent leur vie simple, rythmée par le travail au moulin et les récoltes.
À l’âge adulte, Ernest s’engage dans l’armée, comme beaucoup de jeunes hommes de son époque, attirés par la perspective d’un avenir au-delà de la campagne. Il intègre le 57e régiment de ligne, un régiment d’infanterie de l’armée française. Ce choix peut avoir été motivé par un désir de mobilité sociale ou par les nécessités économiques de sa famille.
Malheureusement, sa carrière militaire sera écourtée. Ernest Omer Gougeard meurt le samedi 22 novembre 1862, à seulement 21 ans, à l'hospice des malades de Beauvais (Oise). Les circonstances de son décès ne sont pas détaillées dans les registres, mais la vie de soldat au XIXe siècle était souvent marquée par des conditions difficiles, la maladie et les blessures.
Son décès est transcrit sur les registres de son village natal, Bec-de-Mortagne, le 18 mars 1864, marquant le retour administratif de son souvenir auprès des siens. Cette pratique reflète l'importance symbolique de rattacher les individus à leur lieu d'origine, même après leur mort.
Ernest a vécu à une époque marquée par des tensions internationales et des transformations sociales importantes. Le Second Empire de Napoléon III, avec son expansion militaire et ses ambitions industrielles, offrait aux soldats une promesse de grandeur nationale, mais aussi des conditions de vie précaires dans l'armée. Les soldats français de cette période ont souvent été exposés à des campagnes difficiles, à des casernes insalubres, et à des maladies courantes comme la dysenterie ou la tuberculose.
Bien que la vie d'Ernest ait été brève, son parcours, du moulin familial au régiment de ligne, illustre les aspirations et les épreuves des jeunes hommes de son époque. Ses parents et sa famille auront probablement été profondément affectés par la perte de ce fils parti chercher son destin loin des collines normandes.