Fernand Gaston Louis Gougeard (1912 – 1920)
Fernand Gaston Louis Gougeard naît dans les premières heures du lundi 23 décembre 1912, à Graville-Sainte-Honorine, aujourd'hui un quartier du Havre. Ce hameau de la Seine-Maritime est à l'époque un centre d'activité industrielle en plein essor, marqué par les verreries, les cheminées d'usines, et l'agitation des travailleurs. Fernand vient au monde dans un foyer modeste mais travailleur.
Son père, Gaston Jules Gougeard, âgé de 24 ans, est un verrier, une profession exigeante qui symbolise la montée de l'industrie dans cette région. Sa mère, Germaine Émilienne Delphine Foucart, à peine âgée de 18 ans, est journalière. Dans ce monde ouvrier, les femmes comme Germaine jonglent entre les travaux domestiques et des emplois précaires pour subvenir aux besoins de leur famille.
Lors de sa naissance, trois hommes assistent à l’événement : son père, qui le déclare avec fierté, et deux témoins, Théophile Panchout et François Doré, qui incarnent les relations sociales d'un milieu ouvrier soudé. François Doré, employé de chemin de fer, symbolise aussi l’importance des chemins de fer pour le développement économique et social de l'époque, reliant les zones industrielles aux marchés.
Fernand voit le jour à une époque où la France, bien que prospère dans certaines régions, porte encore les stigmates de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Pendant les premières années de sa vie, les échos du conflit résonnent dans les discussions et les silences des adultes. Graville-Sainte-Honorine, comme d'autres communes, est marquée par les pertes humaines et l’effort de reconstruction.
Cependant, la vie de Fernand reste celle d’un enfant des classes ouvrières : une enfance modeste, rythmée par la proximité des usines et les défis du quotidien. Son père, désormais contremaître, travaille dur pour améliorer les conditions de vie de sa famille. La rue de la Verrerie, où ils résident, est un quartier ouvrier typique, grouillant de familles similaires, marquées par le bruit incessant des souffleries et des fours de l’usine.
Le 27 juin 1920, la vie de Fernand s’achève brutalement. Il s’éteint à l’âge de seulement 7 ans, à vingt heures, dans la maison familiale située au 42, rue de la Verrerie. La douleur est immense pour ses parents, qui perdent leur fils unique.
Son père, Gaston, prend sur lui la lourde tâche de déclarer son décès. À ses côtés se trouve Georges Désiré Foucart, oncle maternel de Fernand et journalier. Ensemble, ils officialisent cette perte dans les registres. Ce drame familial témoigne des épreuves qui frappaient si souvent les foyers ouvriers au début du XXe siècle, où les maladies infantiles et les conditions de vie difficiles entraînaient fréquemment des décès prématurés.
Le décès de Fernand survient à une époque de transformations sociales et économiques pour la France. Les années 1920, surnommées les Années folles, sont souvent associées à un renouveau culturel et économique après les horreurs de la guerre. Mais pour de nombreuses familles ouvrières comme les Gougeard, la réalité est bien différente : les conditions de vie restent précaires, et les avancées médicales, bien qu’en progrès, n’atteignent pas encore toutes les classes sociales.
Pour des enfants comme Fernand, grandir près des usines signifiait souvent être exposé à des environnements insalubres. Les épidémies et les accidents domestiques ou industriels n’étaient pas rares.
Fernand Gaston Louis Gougeard n’aura pas eu le temps de grandir pour voir les transformations que connaîtraient le Havre et la France dans les décennies suivantes. Mais son histoire, bien que brève, illustre celle de nombreuses familles modestes de l’époque, qui luttaient pour offrir un avenir à leurs enfants dans un monde en mutation.
La rue de la Verrerie et les témoins de cette époque se souviennent peut-être encore de cet enfant au destin tragique, reflet des épreuves quotidiennes et de la résilience des classes ouvrières.