Flavie Émilienne GOUGEARD (1833-?)
Une naissance sous le règne de Louis-Philippe Ier, Flavie Emilienne GOUGEARD naît le 13 mai 1833, dans le petit village de Bec-de-Mortagne, en Seine-Maritime. Ce territoire normand, marqué par une économie agraire et artisanale, connaît alors des débuts timides de la révolution industrielle. Sa naissance dans une famille modeste, au sein d'une fratrie nombreuse, reflète la réalité de nombreuses familles rurales sous la monarchie de Juillet.
Flavie est le troisième enfant de Jean Pierre GOUGEARD, maître meunier, et de Florence Véronique LEGRAND, fileuse de lin. Ces professions témoignent d'un milieu social modeste mais stable, où l'économie locale repose encore largement sur l'artisanat et l'agriculture.
La jeunesse de Flavie se déroule dans une France en transformation. La monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe, bien qu'en apparence stable, est marquée par des tensions sociales croissantes. L'industrialisation commence à modifier les modes de vie traditionnels, même dans les campagnes normandes. Les métiers exercés par ses parents – meunier et fileuse – sont emblématiques de cette transition : le moulin reste un élément central de l'économie rurale, mais l'industrie textile gagne du terrain.
Flavie est témoin des difficultés de sa famille, notamment les pertes précoces de ses frères et sœurs : Pompée Elie et Victoire Palmire, jumeaux nés en 1840, décèdent quelques jours après leur naissance. Ces tragédies reflètent les conditions sanitaires précaires du XIXe siècle, où la mortalité infantile reste élevée.
Flavie a 15 ans lorsque survient la Révolution de février 1848. Cet événement marque la fin de la monarchie de Juillet et l'instauration de la Seconde République. Bien que vivant dans un village rural, Flavie et sa famille ressentent probablement les échos de ce bouleversement. Les idéaux de liberté et de justice sociale portés par la révolution atteignent même les campagnes, notamment à travers les journaux ou les discussions dans les marchés locaux.
Au milieu du XIXe siècle, Flavie commence à travailler comme couturière, un métier répandu parmi les femmes des milieux populaires. Ce travail, souvent effectué à domicile, est étroitement lié à l'essor de l'industrie textile, qui transforme des villes comme Bolbec, située à quelques kilomètres de Bec-de-Mortagne. Le textile, déjà essentiel à l’économie normande, devient l’un des moteurs de la révolution industrielle en France.
Dans ce contexte, Flavie incarne ces femmes ouvrières qui participent discrètement à l'industrialisation tout en maintenant une vie familiale traditionnelle.
Le 15 mai 1854, à l’âge de 21 ans, Flavie épouse Charles Honoré VIMONT, un journalier. Ce mariage se situe au début du règne de Napoléon III, sous le Second Empire. Cette période, marquée par une modernisation rapide de la France, favorise le développement économique et l'amélioration des infrastructures, même dans les campagnes.
Le couple s’installe à Bolbec, une ville qui profite de la prospérité économique du Second Empire grâce à son industrie textile florissante. Cependant, la vie reste rude pour les classes populaires. Flavie donne naissance à deux filles : Alphonsine Léonie en 1854, qui perpétuera la lignée familiale. Laure Marceline en 1857, décédée tragiquement à l'âge de quatre ans.
Flavie vit également les bouleversements de la guerre franco-prussienne de 1870. Ce conflit, qui mène à la chute du Second Empire et à la proclamation de la Troisième République, affecte profondément la société française. Bien qu’aucun événement direct ne relie Flavie à cette guerre, elle subit probablement les répercussions économiques et sociales de la défaite française.
Flavie Emilienne GOUGEARD meurt le 18 septembre 1878 à l’âge de 45 ans, dans son domicile de Bolbec. Son décès survient dans une France qui entre dans une nouvelle ère industrielle et républicaine, où les campagnes se vident peu à peu au profit des centres urbains en plein essor.