Gustave Albert GOUGEARD (1859 – 1859)
Nous sommes au milieu du XIXᵉ siècle, une époque de transition pour la France et, plus particulièrement, pour le Pays de Caux. En ce jeudi 24 mars 1859, à huit heures du matin, dans le petit village d’Épouville, un nouveau-né pousse son premier cri. Gustave Albert GOUGEARD vient de voir le jour dans une famille modeste mais résolue à bâtir un avenir dans une France en pleine mutation.
Gustave est le deuxième fils d’Elfred Edmond GOUGEARD, garde-moulin de profession, et de Prudence Victorine BAUDOUIN, une vermicellière âgée de seulement 19 ans. Leur foyer est un exemple vivant de l’économie locale de l’époque : les moulins, essentiels à la transformation des céréales en farine, rythment la vie des villages, tandis que le métier de vermicellière reflète l’essor des pâtes alimentaires, qui commencent à s’intégrer dans les habitudes culinaires françaises.
Le grand frère de Gustave, Edmond Édouard, âgé de deux ans, est sans doute une source d’émerveillement pour ce nouveau-né. Ensemble, ils auraient grandi dans un environnement où le travail manuel et la nature formaient le cadre de chaque journée.
Mais le destin de Gustave allait être tragiquement bref.
Au XIXᵉ siècle, la France est confrontée à des taux de mortalité infantile très élevés, en particulier dans les milieux ruraux. Les maladies infectieuses, les conditions de vie précaires et les connaissances médicales limitées emportent de nombreux enfants en bas âge. Gustave Albert ne fait malheureusement pas exception.
À peine un mois après sa naissance, le dimanche 1ᵉʳ mai 1859, à vingt heures, il s’éteint dans les bras de ses parents à Épouville. Il laisse derrière lui un vide immense dans une famille qui venait à peine de célébrer sa venue au monde.
Épouville, à cette époque, est une petite communauté rurale nichée dans le Pays de Caux, une région façonnée par son agriculture prospère et son architecture typique de maisons à colombages. Les moulins, comme celui où travaillait Elfred Edmond, jouent un rôle central dans l’économie locale, mais les progrès de l’industrialisation commencent déjà à modifier l’équilibre traditionnel.
1859 est aussi une année marquée par des changements à l’échelle nationale. Napoléon III règne sur la France et cherche à moderniser le pays, lançant des travaux d’infrastructure comme les chemins de fer qui transformeront bientôt les campagnes françaises. Mais pour des familles comme les GOUGEARD, ces évolutions semblent encore lointaines. Leur quotidien reste profondément enraciné dans les traditions du XIXᵉ siècle rural.
Gustave Albert GOUGEARD n’a vécu que quelques semaines, mais son histoire, aussi brève soit-elle, s’inscrit dans une lignée familiale résiliente. Les archives, témoins silencieux de son passage, permettent aujourd’hui de redonner vie à ce destin effacé par le temps. Elles racontent aussi l’histoire d’une époque, celle d’un village où chaque naissance, chaque métier et chaque perte laissait une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
Pour ses parents, la douleur de cette perte a sans doute marqué une cicatrice invisible mais durable. Peut-être ont-ils trouvé du réconfort en se consacrant à leur travail, ou dans l’espoir de voir leur fils aîné, Edmond Édouard, grandir et prospérer.
Aujourd’hui, grâce aux outils modernes, les descendants de cette famille peuvent retracer le fil de ces vies passées, qu’elles aient été longues ou brèves. Redécouvrir Gustave Albert, c’est aussi comprendre le contexte dans lequel il a vécu et l’amour silencieux qui l’a entouré pendant son court passage sur Terre.