Henri Albert GOUGEARD (1871 - 1907)
Henri Albert GOUGEARD septième enfant de la lignée voit le jour le dimanche 28 mai 1871, à onze heures du matin, dans le hameau pittoresque de la Queue du Chien, à Épouville, en Seine-Maritime. Ce petit village normand, typique de l'époque, est traversé par des cours d'eau où les moulins tournent inlassablement, reflétant une économie encore largement rurale.
Fils d'Elfred Edmond GOUGEARD, garde-moulin, et de Prudence Victorine BAUDOUIN, vermicellière, Henri naît dans une famille modeste mais unie, entouré de ses frères et sœurs : Edmond Édouard, Albertine Adine, Marie Louise, et Marguerite Eugénie. L'ambiance familiale est marquée par le labeur quotidien et les défis de la vie rurale au XIXᵉ siècle, mais aussi par des moments de partage au cœur d'une Normandie verdoyante.
Cependant, le jeune Henri connaît dès l'enfance le poids de la perte. En 1875, à seulement 4 ans, il perd sa mère, Prudence, qui laisse derrière elle ses enfants et un époux endeuillé. Cette tragédie marque une première épreuve dans la vie du jeune garçon, alors qu’il commence à se forger un caractère résilient.
En 1895, à 24 ans, Henri accomplit son service militaire, un passage obligatoire pour les jeunes hommes de cette époque, notamment dans une France encore marquée par la défaite de 1870 contre la Prusse. Le contexte national est celui d'une IIIᵉ République naissante, cherchant à se reconstruire et à affirmer son identité face aux tensions internationales.
Peu après, Henri revient à Épouville, où il épouse Héloïse Hélène CLERON le 19 juin 1897, une journalière dont les origines demeurent mystérieuses, car elle est née de parents non connus. Ce mariage, célébré au cœur de leur petit village, unit deux jeunes gens modestes mais pleins de projets pour l’avenir.
Le couple s’installe dans le hameau de la Queue du Chien, où Henri reprend le métier de garde-moulin, succédant à son père. Ensemble, ils fondent une famille nombreuse, à l’image des traditions rurales de l’époque.
Entre 1898 et 1907, Henri et Héloïse accueillent six enfants : Maurice Philippes Albert (1898), Henri Marcel (1900), Fernand George (1901), Albertine Marie (1904), Marcel Lucien (1905) et enfin Henriette Antoinette Victoria (1907).
Cependant, la vie ne leur épargne pas les drames. Leur fille Albertine Marie, née le 10 février 1904, décède tragiquement quelques jours plus tard, le 16 février, plongeant la famille dans le deuil. Ce genre de perte est malheureusement courant dans une époque où les conditions sanitaires et médicales sont encore précaires, en particulier dans les zones rurales.
Henri vit à une époque de grands bouleversements. En ce début de XXᵉ siècle, la France connaît des avancées technologiques comme l’électrification progressive des campagnes, mais ces innovations n'ont pas encore atteint Épouville. Dans son rôle de garde-moulin, Henri joue un rôle clé dans la vie économique locale, veillant au bon fonctionnement du moulin, une activité cruciale pour la production de farine dans une société encore largement agricole.
Le recensement de 1906 le montre entouré de sa famille. À cette époque, Henri est âgé de 35 ans, sa femme Héloïse de 29 ans, et leurs enfants vont de 8 ans à 1 an. La vie est rythmée par les saisons, les travaux du moulin, et les moments de partage familial.
Le 12 janvier 1907, à seulement 35 ans, Henri Albert GOUGEARD s’éteint dans sa maison du hameau de la Queue du Chien, laissant derrière lui une épouse et cinq jeunes enfants, dont la petite Henriette, née quelques mois auparavant. Son frère, Georges Gaston GOUGEARD, également garde-moulin, est présent pour déclarer le décès, témoignant de la solidarité familiale face au deuil.
La vie d'Henri Albert GOUGEARD s'inscrit dans une époque de transition. Né sous le Second Empire de Napoléon III, il grandit au sein de la IIIᵉ République, dans une France marquée par l'industrialisation progressive et la modernisation des campagnes. Sa famille, bien que modeste, symbolise la résilience et la ténacité des classes rurales face aux défis de la vie.
En tant que garde-moulin, Henri faisait partie de ces figures locales indispensables, au service de la communauté. Son décès prématuré laisse sa famille dans une situation difficile, mais ses enfants porteront son héritage, témoins des transformations qui marqueront la France du XXᵉ siècle.
Bas du formulaire