Henri Méderic Gougeard (1882- ?)
La vie d'Henri Méderic Gougeard, né Dutot, s'inscrit dans le cadre d'une époque marquée par de profondes transformations sociales et industrielles. Son histoire familiale, ses racines, et les événements marquants de sa vie dessinent le portrait d'un homme qui a grandi au cœur des luttes ouvrières et des défis de la vie quotidienne au XIXe et XXe siècle.
Henri voit le jour le 25 novembre 1882 à Épouville, un petit hameau appelé la Forge, dans la Seine-Maritime (76). Il est le fils de Edmond Edouard Gougeard, un homme de 24 ans travaillant comme garde-moulin, ouvrier de minoterie et meunier, et de Elise Maria Dutot, une couturière et ménagère de 26 ans. Bien qu'il soit le fils naturel de ses parents, son histoire familiale est façonnée par l'importance du travail manuel et des liens familiaux solides. À la naissance d'Henri, il a déjà une sœur, Elise Marguerite (née en 1878), et un frère, Edouard Henri (né en 1880).
Dès son plus jeune âge, Henri grandit dans un milieu ouvrier modeste. La région, notamment Épouville, connaît un essor industriel autour des minoteries et des moulins. Les enfants de la famille Gougeard sont témoins du dur labeur de leurs parents, travaillant sans relâche pour subvenir aux besoins de la famille.
En 1884, un événement majeur bouleverse la vie d'Henri et de ses parents : il est légitimé en tant que fils de Edmond Edouard Gougeard et de Elise Maria Dutot. Cet acte de légitimation donne à Henri une place officielle au sein de la famille. C’est une étape importante pour un enfant naturel à une époque où le statut juridique était un facteur crucial pour l’intégration sociale. À ce moment-là, Henri est âgé de 2 ans.
Au fil des années, Henri poursuit un parcours de travailleur manuel, en particulier dans les industries locales du Havre, un port emblématique de la région.
Dans le recensement de 1921, Henri est recensé comme Verrier à La Verrerie. Il habite alors au 34 rue de la Verrerie au Havre, où il vit avec sa mère, Elise Maria Dutot, qui est devenue veuve, et sa sœur Yvonne Madeleine Gougeard, âgée de 25 ans, qui travaille également comme journalière. Henri, bien qu’il ait changé de profession, reste un travailleur de la verrerie, un secteur où les ouvriers exercent des métiers exigeants et dangereux, typiques de l’industrie du début du XXe siècle.
Dans un recensement ultérieur de 1931, Henri apparaît à nouveau dans le registre, cette fois dans le quartier de Verrerie, 71 rue Alphonse Touré, où il vit avec sa mère, désormais âgée de 74 ans. À 48 ans, il est toujours employé comme Verrier à La Verrerie Alphonse Touré, un autre signe de sa stabilité professionnelle et de son engagement dans le secteur industriel.
Henri Méderic Gougeard, en reconnaissance de ses longues années de travail, se voit décerner une médaille d’honneur de mérite à une date inconnue. Cette distinction, remise par le Comité Central des Chambres Syndicales, témoigne de son engagement en tant qu'ouvrier, ainsi que de sa contribution au développement de son secteur professionnel. La médaille d’honneur est un honneur décerné aux travailleurs acharnés et aux individus ayant fait preuve de persévérance et de compétence dans leur domaine.
Cette reconnaissance s’ajoute à un autre chapitre important de la vie d’Henri, celui d'un homme ayant su s'impliquer dans le mouvement ouvrier de son époque.
À mesure que les années passent, Henri continue de vivre au Havre avec sa mère et sa sœur. Cependant, des changements surviennent, notamment les décès successifs de membres de sa famille. La perte de son père, Edmond Edouard Gougeard, à l'âge de 41 ans en 1903, a marqué un tournant dans la vie de la famille, mais Henri et ses proches ont su rester solidaires malgré les épreuves.
À une date inconnue, Henri perdra également sa mère, Elise Maria Dutot, qui est décédée à 74 ans en 1934. Sa sœur Yvonne Madeleine poursuivra sa propre vie, mais l'histoire de la famille Gougeard continue de résonner dans les traces laissées par Henri et ses proches.
Henri Méderic Gougeard décède à une date inconnue, au Havre, après une vie marquée par de nombreux sacrifices, mais aussi par des moments de reconnaissance professionnelle. Bien qu’il n’ait pas vécu des événements mondiaux comme la guerre, il a été un témoin direct des bouleversements sociaux et économiques du début du XXe siècle.
L’histoire d’Henri Méderic Gougeard et de sa famille, bien que peu connue, est emblématique d’une époque où la classe ouvrière, malgré les difficultés et les épreuves, a su s'impliquer dans la construction de l’industrie française. À travers ses différentes professions — de manœuvre à verrier — et sa participation à l'essor du mouvement ouvrier, Henri incarne la résilience et l’engagement des travailleurs de son époque.