Jean GOUGEARD (1699 – 1756)
Jean GOUGEARD voit le jour un jeudi, le 21 mai 1699, dans le petit village normand d’Ourville-En-Caux, aujourd’hui situé dans le département de la Seine-Maritime. Ce hameau, niché au cœur des paysages verdoyants du Pays de Caux, était marqué par une vie essentiellement agricole et religieuse, où les coutumes paysannes rythmaient le quotidien.
Fils légitime de Guillaume GOUJART, âgé de 32 ans, et de Marguerite LEMIRE, âgée de 29 ans, Jean est baptisé le jour même de sa naissance à l’église paroissiale d’Ourville-En-Caux. La cérémonie est sobre mais empreinte de solennité, en présence de son parrain, Jean BOURDON, et de sa marraine, Anne COLOMBEL, témoins de sa venue au monde.
En cette fin du XVIIe siècle, la France est sous le règne de Louis XIV, le Roi-Soleil, qui impose sa grandeur à travers les guerres, les constructions somptueuses comme le château de Versailles, et un contrôle strict de la religion catholique, omniprésente dans la vie des habitants.
La vie de Jean est rapidement marquée par des épreuves familiales. Sa mère, Marguerite LEMIRE, décède avant 1724, alors que Jean n’a pas encore 24 ans. Ce décès laisse une empreinte durable dans son parcours. Le jeune homme doit, sans doute, prendre des responsabilités accrues au sein de la famille, dans un monde rural où chaque main était indispensable pour cultiver les champs ou veiller sur les siens.
En parallèle, la France de l’époque connaît des bouleversements : la fin du règne de Louis XIV en 1715 et la régence de Philippe d’Orléans marquent une période de transition. Les campagnes sont éprouvées par les lourdes taxes et la crise économique qui frappe les paysans, aggravée par les aléas climatiques.
Le lundi 21 février 1724, à Grainville-La-Teinturière, Jean GOUGEARD, âgé de 24 ans, épouse Magdelaine MARAIS, une jeune femme née en 1706. Les registres ne mentionnent pas les parents de Magdelaine, mais cette union scelle leur destin commun.
Grainville-La-Teinturière est alors un village vivant de l’artisanat textile et de l’agriculture. Le couple débute probablement sa vie dans une petite ferme, cultivant la terre et affrontant ensemble les rigueurs de la vie quotidienne.
Quelques mois après leur mariage, en novembre 1725, leur premier enfant, Pierre, voit le jour. Jean a alors 26 ans. Le baptême de Pierre est sans doute un événement joyeux dans une époque où la mortalité infantile est élevée, et chaque naissance est une promesse de continuité pour la famille.
Le 18 mars 1729, Guillaume GOUJART, le père de Jean, s’éteint à l’âge de 62 ans. Jean, désormais âgé de 29 ans, doit alors assumer pleinement son rôle de père, d’époux et peut-être d’aîné de la famille. Cette période marque son passage définitif à l’âge adulte.
En même temps, la France de Louis XV s’éloigne des guerres incessantes du siècle précédent, mais le pays reste soumis aux crises économiques. Les campagnes de Normandie, bien que riches par leurs terres fertiles, doivent encore faire face aux lourdes charges fiscales imposées par la monarchie.
Jean GOUGEARD poursuit sa vie à Mautheville-Sur-Durdent, un village voisin d’Ourville-En-Caux, où il s’installe avec sa famille. À 56 ans, sa santé décline, comme beaucoup d’hommes de son époque, usés par le labeur quotidien. Il s’éteint le lundi 17 mai 1756, dans ce même village, où il est inhumé le jour même. Son décès marque la fin d’une vie simple, mais profondément ancrée dans les traditions normandes.
Jean disparaît dans une France en mutation : les Lumières commencent à éclore, remettant en question les fondements religieux et politiques de l’Ancien Régime. Bien que ces idées ne touchent que les élites urbaines à ce stade, elles préfigurent les bouleversements qui marqueront la fin du siècle.
À travers son fils Pierre, né en 1725, la lignée de Jean GOUGEARD se poursuit. Son histoire incarne celle de milliers de paysans normands, anonymes mais essentiels dans le tissu social de leur époque. Leur labeur, leur foi et leur résilience ont permis de traverser les générations et de forger l’histoire de la France rurale.
Jean GOUGEARD, par son mariage et son rôle de père, a contribué à transmettre un héritage familial au cœur d’une époque marquée par les guerres, les famines, mais aussi les premiers frémissements du changement.