Jean Jacques GOUJARD (1764 – 1764)
Jean Jacques GOUJARD est né le vendredi 23 mars 1764, à Grainville-La-Teinturière, petite paroisse située en Normandie, dans le département actuel de la Seine-Maritime. Il est le deuxième jumeau d’un couple modeste mais travailleur. Son père, Jean Baptiste GOUJARD, âgé de 27 ans, était meunier, une profession essentielle à l’époque, permettant d’approvisionner la communauté en farine. Sa mère, Marie Margueritte LEGRAND, âgée de seulement 19 ans, exerçait le métier de fileuse, transformant les fibres en fil, un travail ardu mais commun pour les femmes de son milieu.
Jean Jacques a vu le jour dans un XVIIIe siècle marqué par la vie rurale et les premiers soubresauts de changements sociaux. Les campagnes normandes de cette époque étaient encore dominées par les rythmes agraires, où l’Église régissait la plupart des aspects de la vie quotidienne, des naissances aux décès. Les familles paysannes vivaient modestement, souvent dépendantes des récoltes et des métiers annexes comme celui de meunier.
Mais la naissance de Jean Jacques a été empreinte d’une certaine fragilité. Né le même jour que son frère jumeau, Noël Martin GOUJARD, il n’a malheureusement pas survécu plus de quelques heures. Les jumeaux, bien qu’une bénédiction, représentaient un risque accru à une époque où la mortalité infantile était très élevée.
Jean Jacques a été immédiatement baptisé le jour de sa naissance, le 23 mars 1764, selon les rites de l’Église catholique, une étape essentielle dans les croyances de l’époque. Le baptême assurait à l’enfant, même en cas de décès prématuré, de pouvoir entrer au paradis. Le curé de la paroisse de Grainville-La-Teinturière a sans doute accompli cette cérémonie en urgence, conscient de l’état fragile du nouveau-né.
Hélas, Jean Jacques s’est éteint le même jour, à moins d’un jour de vie. Son décès a bouleversé la famille, qui a dû trouver du réconfort dans les valeurs religieuses et communautaires. Il fut inhumé immédiatement, le 23 mars 1764, dans le petit cimetière paroissial de Grainville-La-Teinturière.
L’année 1764 se situe dans une période de transition et d’incertitudes en France. C’est le règne de Louis XV, un roi vieillissant surnommé le « Bien-Aimé », mais dont la popularité s’effrite en raison des guerres coûteuses (notamment la guerre de Sept Ans, qui s’est achevée en 1763) et des difficultés économiques croissantes. Les familles comme celle des GOUJARD vivaient sous le poids des impôts royaux et seigneuriaux, peinant souvent à joindre les deux bouts.
Les avancées médicales étaient encore balbutiantes, et les décès précoces, comme celui de Jean Jacques, faisaient partie du quotidien des familles. Chaque naissance était une espérance, mais chaque décès rappelait aussi la fragilité de la vie dans ce siècle où la médecine moderne et l’hygiène n’en étaient qu’à leurs débuts.
Ainsi, la courte vie de Jean Jacques s’inscrit dans l’histoire d’une famille ordinaire mais courageuse, affrontant les réalités de leur temps avec résilience. La Normandie, cette terre de campagnes verdoyantes et de traditions profondément ancrées, a vu passer de nombreuses familles comme les GOUJARD, témoins silencieux des transformations de l’Histoire qui, quelques décennies plus tard, bouleverseraient leur mode de vie à jamais avec la Révolution française.