Jean Pierre François GOUJARD (1765 - 1821)
Jean Pierre François GOUJARD voit le jour un mardi d'été, le 23 juillet 1765, à Mautheville-sur-Durdent, un petit village paisible de Normandie. Ce jour-là, l'Europe est encore plongée dans le siècle des Lumières, alors que les idées progressistes de Voltaire et Rousseau commencent à remettre en question les fondements des monarchies absolues. Le royaume de France, sous le règne de Louis XV, est encore loin de deviner les révolutions à venir.
Jean Pierre est le fils légitime de Jean Baptiste GOUJARD, un meunier âgé de 29 ans, et de Marie Margueritte LEGRAND, une fileuse de 21 ans. Ce jeune couple vit modestement, au rythme des moulins à eau et des travaux des champs, dans une société encore très rurale. Lors du baptême de Jean, célébré le jour même de sa naissance, ses parrain et marraine, Pierre GOUJARD et Marie DE CHAMPS, témoignent de la solidarité familiale et religieuse qui imprègne alors la vie quotidienne.
Le jeune Jean Pierre connaît une enfance marquée par un drame. En 1775, à l'âge de 9 ans, il perd son père Jean Baptiste, emporté prématurément à l'âge de 39 ans. Ce décès bouleverse la famille, et Jean Pierre, désormais orphelin de père, doit grandir rapidement dans un environnement exigeant. Sa mère, Marie Margueritte, continue de subvenir aux besoins de la famille grâce à son métier de fileuse, un travail pénible mais indispensable.
Le jeudi 24 décembre 1795, soit le 3 nivôse de l’an IV du calendrier républicain, Jean Pierre épouse Marie Françoise Elisabeth ALLEAUME à Valmont, une commune voisine. Le choix de la date – la veille de Noël – témoigne peut-être de la symbolique d'une nouvelle vie sous le signe de la famille et de la foi. À cette époque, la France vient de traverser les premières années tumultueuses de la Révolution française, marquées par la chute de la monarchie et la montée au pouvoir de Napoléon Bonaparte.
Marie Françoise Elisabeth est issue d’une lignée de meuniers, tout comme Jean Pierre, et l’union des deux familles renforce leur ancrage dans cette activité essentielle à la communauté locale. Ensemble, ils partagent les travaux du moulin et de la terre, incarnant la vie laborieuse des classes rurales sous le Directoire.
Le couple a quatre enfants, nés entre 1796 et 1803, au cœur de l’époque napoléonienne : Marie Françoise Euphrasie, née en 1796, dans une France en pleine réorganisation administrative. Reine Prudence, née en 1798, alors que Napoléon mène ses campagnes militaires. Jean Pierre, leur fils unique, venu au monde en 1801, une année marquée par la création du Consulat à vie de Napoléon. Marie Alexandrine, née en 1803, quelques mois avant que Bonaparte ne devienne empereur.
Les années passent, mais la vie n'épargne pas Jean Pierre. En 1811, il perd son épouse Marie, décédée à l’âge de 52 ans. À 46 ans, il se retrouve veuf, chargé de quatre enfants, dans un contexte où les défis économiques et sociaux sont immenses.
Jean Pierre François GOUJARD passe ses dernières années comme Garde Moulin, une fonction qui exige vigilance et expertise dans la gestion des ressources hydrauliques. Le moulin, au cœur de la vie rurale, est bien plus qu’un lieu de travail : il représente un carrefour économique et social essentiel pour la communauté.
Jean Pierre s’éteint le 17 mai 1821 à Baigneville, à l’âge de 55 ans. Ce décès survient dans une France restaurée, sous le règne de Louis XVIII. La Révolution et l’Empire napoléonien ont transformé le pays, mais les campagnes restent profondément attachées à leurs traditions et à leur mode de vie ancestral.
À travers son métier de meunier, Jean Pierre François GOUJARD a incarné l’esprit résilient des communautés rurales françaises de l’Ancien Régime, de la Révolution et de l’Empire. Ses enfants, témoins des bouleversements de l’époque, poursuivront leur vie dans une société en pleine mutation, à la croisée de l’ancien et du moderne.
La vie de Jean Pierre, modeste mais marquée par les événements historiques de son temps, témoigne de la richesse des récits familiaux souvent oubliés. Ces histoires sont les racines d’un arbre généalogique vivant, portant la mémoire des luttes et des espérances de générations passées.