Jeanne Évelina Gougeard (1885 - 1885)
Jeanne Évelina Gougeard naît au cœur de l’hiver, le jeudi 22 janvier 1885, à quatre heures du matin, dans le hameau pittoresque de la Queue du Chien, à Épouville (Seine-Maritime). Elle voit le jour dans une petite maison entourée de la campagne normande, à une époque où la France rurale, bien que marquée par les débuts de l'industrialisation, conserve encore un rythme de vie simple et ancré dans les traditions.
Jeanne est la fille légitime d’Elfred Edmond Gougeard, un garde-moulin de 50 ans, et de Léontine Marie Séchet, une jeune femme de 28 ans, cuisinière à cette époque. Elfred, d’une génération plus âgée, a vu défiler les bouleversements du Second Empire et les prémices de la Troisième République. Homme humble mais résilient, il travaille à surveiller et entretenir les moulins, ces imposantes machines qui témoignent encore du passage entre une économie agraire et les premiers échos de la révolution industrielle.
Léontine, quant à elle, jongle entre ses responsabilités familiales et ses emplois pour subvenir aux besoins de ses enfants. Le couple vit modestement mais avec la fierté d’avoir une grande famille. Jeanne est la benjamine d'une fratrie de sept enfants, dont les aînés, comme Edmond Édouard (né en 1857), ont déjà atteint l’âge adulte et contribuent à la vie familiale. Ses autres frères et sœurs, Albertine Adine (1860), Marie Louise (1862), Marguerite Eugénie (1869), Henri Albert (1871) et Gustave Jules (1874), représentent une famille intergénérationnelle typique de la campagne normande de cette époque.
En 1885, la France est en pleine Troisième République, un régime encore fragile après les traumatismes de la Guerre franco-prussienne de 1870 et la perte de l'Alsace-Lorraine. C’est une époque marquée par l’expansion des chemins de fer, l’électrification progressive des villes et des campagnes, et une certaine effervescence intellectuelle et politique. Pourtant, dans le petit hameau de la Queue du Chien, ces avancées technologiques paraissent lointaines. La vie des Gougeard est rythmée par les saisons, les travaux des champs et les traditions locales.
La joie de la naissance de Jeanne Évelina est de courte durée. À peine âgée de sept mois, elle s’éteint tragiquement le lundi 24 août 1885. La cause de son décès n’est pas consignée dans les registres, mais à cette époque, les maladies infantiles comme la rougeole, la coqueluche ou encore les infections intestinales étaient souvent fatales, surtout dans les campagnes, où l’accès aux soins médicaux restait limité.
Bien que sa vie ait été brève, l’histoire de Jeanne Évelina témoigne d’un fragment de vie au sein d’une époque charnière pour la France. Elle incarne les espoirs et les luttes d'une famille nombreuse dans une Normandie rurale en transition, où l'ombre des traditions coexiste avec les promesses du progrès. Aujourd’hui, son nom, inscrit dans les registres, reste le symbole d’une époque marquée par la résilience et les liens familiaux.