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Madeleine Yvonne Gougeard (1916–1982) : Une vie au fil du verre et des épreuves

GOUGEARD Madeleine Yvonne (1916-1982)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est au cœur du tumulte d’un monde en mutation, alors que la Grande Guerre touche à sa fin, que naît Madeleine Yvonne Gougeard, le 7 février 1916, dans la cité portuaire du Havre (Seine-Maritime). Fille de Gaston Jules Gougeard, alors âgé de 27 ans, verrier de métier, et de Germaine Émilienne Delphine Foucart, jeune mère de 21 ans, elle voit le jour dans un foyer ouvrier, modeste et laborieux, dont l’ancrage dans le quartier de la rue Alphonse Toures marquera les premières années de sa vie.

L’acte de naissance, signé par trois figures du quotidien havrais — Antoine Flahaut, employé de mairie âgé de 69 ans, Jean-Baptiste Lele et le père lui-même — inscrit Madeleine dans une lignée de verriers, au sein de cette ville où le travail du verre est un art et une industrie depuis le XIXe siècle.

Au recensement de 1931, Madeleine, alors âgée de 15 ans, est ouvrière verrière, probablement à l'usine mentionnée comme étant celle d'Alphonse Toures, tout comme son père. Elle partage son quotidien au 68 rue Alphonse Toures avec sa mère Germaine (âgée de 37 ans), ses sœurs Simone (17 ans), Yvonne (11 ans), sa sœur Germaine Marcelle (14 ans), et son jeune frère Pierre Edmond, affectueusement surnommé "Pierrot", alors âgé de 3 ans. Cette époque est marquée par les difficultés économiques de l’entre-deux-guerres, mais aussi par la solidarité des familles ouvrières.

Tragiquement, Madeleine perd sa mère en 1933, puis son père en 1934. Orpheline à 18 ans, elle trouve appui auprès de sa grand-mère maternelle, Emma Delphine Mitrou, veuve Chauvel, qui lui sert de tutrice légale lors de son mariage.

Le 21 décembre 1935, au Havre, Madeleine épouse Marcel Raoul Sorel, chaudronnier de 25 ans. Elle en a 19. Le mariage est célébré en mairie, en présence d’André Pannier, forgeron, et André Sorel, tourneur, témoins du lien entre deux familles du monde ouvrier. L’Europe sombre dans la Seconde Guerre mondiale, et leur union, scellée dans les jours sombres de la montée des totalitarismes, traversera les tempêtes du siècle.

Le jeune couple s’installe au 14 rue de la Verrerie à Gonfreville-l’Orcher, commune voisine du Havre, fortement marquée par l’activité industrielle du verre et de la métallurgie. C’est là que naîtront leurs trois enfants :

Madeleine traverse la guerre, l’Occupation allemande au Havre, les bombardements de 1944, la Reconstruction d’après-guerre, les Trente Glorieuses. Discrète, elle ne revendique aucun statut professionnel après la guerre, mais demeure la gardienne du foyer, pilier invisible d’une maison marquée par le dur labeur des hommes et l’amour silencieux des femmes.

Madeleine Yvonne Gougeard s’éteint dans sa ville natale, Le Havre, le 19 décembre 1982, à l’âge de 66 ans. Elle survit de quelques mois à son époux Marcel Raoul, disparu l’année précédente.

Son parcours, bien qu’apparemment modeste, incarne celui de nombreuses femmes du XXe siècle : filles du peuple, travailleuses jeunes, épouses précoces, mères courageuses, témoins silencieuses de l’Histoire. Ni militante, ni bourgeoise, Madeleine Yvonne fut pourtant actrice d’un siècle rude, participant à sa manière à la mémoire du peuple verrier de Seine-Maritime.



27/05/2025
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