Germaine Marcelle Gougeard (1917-1972)
Germaine Marcelle Gougeard est née le 21 mars 1917, dans un petit logement de la rue de la Verrerie, à Graville, un quartier ouvrier du Havre (Seine-Maritime). Sa naissance survient en pleine Première Guerre mondiale, une époque de privations et d'incertitudes. Son père, Gaston Jules Gougeard, un magasinier dans l'industrie verrière, et sa mère, Germaine Émilienne Delphine Foucart, journalière, incarnent le dur labeur et la résilience des classes populaires de l'époque.
Germaine grandit dans une famille nombreuse. À sa naissance, elle a déjà trois frères et sœurs : Fernand, Simone et Madeleine. Les Gougeard habitent un quartier industriel où les cheminées des verreries et des usines rythment la vie quotidienne. Le recensement de 1931 nous montre une famille soudée malgré des conditions de vie modestes, vivant au 68 rue Alphonse Toures. Germaine, alors âgée de 14 ans, commence à travailler dans une verrerie pour aider à subvenir aux besoins de la famille.
Cependant, les tragédies ne tardent pas à frapper. Sa mère décède prématurément en 1933, lorsque Germaine n’a que 16 ans. L’année suivante, son père meurt à son tour, laissant la jeune fille orpheline à 17 ans. Dans une période marquée par la crise économique mondiale, Germaine doit faire face à ces pertes tout en continuant à travailler pour survivre.
En 1936, à seulement 18 ans, Germaine donne naissance à son premier enfant, Roger, puis épouse Roger Albert Malandain, un chaudronnier et soldat basé à la base aérienne de Chartres. Ce mariage, autorisé par un lieutenant-colonel, illustre la précarité des jeunes couples de l’époque, souvent dépendants des institutions militaires et sociales. Le couple s’installe au Havre et construit une famille.
Entre 1936 et 1940, Germaine donne naissance à quatre enfants : Roger, Jean, Liliane et Gérard. Cependant, la guerre éclate en 1939, plongeant la France dans une tourmente sans précédent. En 1941, son mari Roger meurt, la laissant veuve à seulement 24 ans avec quatre jeunes enfants à charge.
Après la perte de son mari, Germaine s’unit à Alcide Jules "Gaston" Jouve, un maçon de métier. Leur relation, bien qu’empreinte de tendresse, est marquée par l’impossibilité de se marier officiellement. La première épouse de Gaston, ayant quitté le foyer sans jamais avoir demandé le divorce, laissant Germaine et Gaston dans une situation délicate.
Malgré ces complications, le couple accueille une fille, Evelyne. Germaine continue à se battre pour offrir une vie décente à ses enfants dans une France en reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.
Vers les années 1950 ou 1960, Germaine s’installe à Épinay-sur-Seine, rue de Béthune. Ce déménagement reflète les changements économiques et sociaux de l’époque, alors que de nombreuses familles ouvrières quittent les centres industriels pour s’installer en banlieue parisienne, à la recherche de meilleures opportunités.
En 1967, Gaston décède, laissant Germaine une nouvelle fois seule. Elle continue de vivre dans un quartier populaire, restant proche de ses enfants et petits-enfants.
Germaine Marcelle Gougeard s’éteint le 1er avril 1972, à l’âge de 55 ans, à l’hôpital de la rue Ambroise Paré à Paris. Sa vie, marquée par les défis de l’époque — la guerre, la pauvreté et les pertes personnelles —, témoigne de la résilience d’une femme issue des classes populaires du XXe siècle.
À travers son parcours, Germaine incarne la force et la persévérance des femmes de sa génération, souvent invisibles dans les récits historiques, mais essentielles à la survie et à la reconstruction des familles françaises.