Marguerite Eugénie GOUGEARD (1869 – 1941)
Marguerite Eugénie GOUGEARD naît le jeudi 18 mars 1869 à vingt heures trente, dans le hameau de la Queue du Chien à Épouville, en Normandie. Cette naissance se déroule sous le règne de Napoléon III, dans un Second Empire en pleine industrialisation. Marguerite est la cinquième enfant d'Elfred Edmond GOUGEARD, garde moulin, et de Prudence Victorine BAUDOUIN, vermicellière. La vie familiale est rythmée par les activités du moulin, un pilier de l'économie locale.
À seulement six ans, Marguerite perd sa mère, Prudence, décédée le 8 novembre 1875. Ce décès marque un tournant dans sa jeunesse. Elle grandit dans une Normandie transformée par la chute du Second Empire en 1870 et l’instauration de la Troisième République. Cette époque est marquée par les débuts de l’éducation obligatoire et les progrès sociaux, bien que la vie des familles rurales reste rude.
Le 15 février 1890, à l’âge de 21 ans, Marguerite épouse François Eugène LEGRIS, un charron. Leur union est le début d’une vie de labeur et de nombreux défis personnels. Ensemble, ils auront dix enfants, dont plusieurs ne survivront pas à l’enfance, témoins de la forte , mortalité infantile de cette époque : Garçon Sans Vie (1890), Eugène Henri Albert (1892-1892), Eugène Henri (1893), Henriette Marie (1894-1895), Marie Marguerite (1895), Alice Albertine (1897-1897), Yvonne Désirée (1899), Marguerite Eugénie (1901), Garçon Sans Vie (1905), Maurice Albert (1908-1928)
Marguerite fait face à de nombreuses pertes. Sur ses dix enfants, seuls quatre atteignent l’âge adulte. La perte d’un enfant, fréquente à cette époque, reste un traumatisme profond pour les familles.
En 1897, Marguerite et François s’installent à Graville-Sainte-Honorine, aujourd’hui un quartier du Havre. François travaille comme charron, une profession essentielle dans un monde encore largement dépendant des charrettes pour le transport. Marguerite, quant à elle, est ménagère, puis domestique, consacrant sa vie au foyer et à l’entretien des maisons d’autrui.
Cette période, à cheval sur les XIXᵉ et XXᵉ siècles, est marquée par l’industrialisation accélérée. Le Havre, tout proche, devient un port florissant, symbole du développement économique de la région. Cependant, les conditions de vie dans les zones rurales et semi-urbaines restent précaires.
Outre les pertes d’enfants, Marguerite affronte également le décès de ses parents : sa mère en 1875 et son père, Elfred, le 29 septembre 1898. La perte de son fils Maurice, en 1928, à seulement 20 ans, est un autre coup dur.
En 1941, Marguerite perd son époux François Eugène LEGRIS. Elle-même décède peu après, le 20 septembre 1941, à l’âge de 72 ans, dans le village de Saint-Léonard. Sa vie s’achève en pleine Seconde Guerre mondiale, dans une Normandie occupée par les forces allemandes.
Marguerite Eugénie GOUGEARD a vécu dans une époque de bouleversements : des derniers jours du Second Empire à l’occupation de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Sa vie, marquée par les drames personnels et les défis de la vie rurale, est emblématique de la condition des femmes modestes de son époque. Malgré les pertes et les épreuves, Marguerite a traversé les transformations sociales et économiques de la fin du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle, bâtissant, à sa manière, un pont entre tradition et modernité.
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