Marie Louise GOUGEARD (1862 – 1892)
Le lundi 22 décembre 1862, à l’aube, Marie Louise GOUGEARD pousse son premier cri dans le petit village d’Épouville, au cœur du Pays de Caux. Fille d’Elfred Edmond GOUGEARD, garde-moulin, et de Prudence Victorine BAUDOUIN, vermicellière, elle grandit dans une région rurale rythmée par les travaux des champs, le va-et-vient des moulins et les traditions bien ancrées de la Normandie.
Marie Louise naît dans une famille modeste mais stable. Elle a déjà un frère aîné, Edmond Édouard, né en 1857, et une sœur, Albertine Adine, née en 1860. Leur père, Elfred, travaille comme garde-moulin, un métier essentiel dans un monde encore largement rural, tandis que leur mère, Prudence, est engagée dans l’activité artisanale de vermicellière, témoignant de l’économie locale de l’époque.
Le Pays de Caux des années 1860 est une région où la vie s’écoule paisiblement, mais les transformations industrielles commencent à se faire sentir. Le chemin de fer arrive peu à peu dans les campagnes, ouvrant de nouvelles opportunités économiques et sociales.
Cependant, l’enfance de Marie Louise est marquée par une tragédie personnelle. Le 8 novembre 1875, à l’âge de 12 ans, elle perd sa mère, Prudence. Cette perte laisse un vide immense dans la famille et impose à Marie et à ses frères et sœurs de grandir rapidement.
À la fin de son adolescence, Marie Louise travaille comme domestique. Ce métier, bien que exigeant, offre aux jeunes femmes de milieux modestes une certaine autonomie financière et la possibilité de contribuer à leur foyer.
En 1888, à 25 ans, Marie épouse Henri Émile LEBAILLIF, un domestique et cafetier originaire de Hauville. Leur mariage, célébré le 2 octobre à Épouville, reflète l’union de deux travailleurs modestes mais ambitieux, désireux de bâtir une vie commune malgré les incertitudes de l’époque.
Le couple s’installe à Rolleville, où Henri Émile et Marie Louise travaillent comme débitants, une profession qui leur permet de gérer un café ou une petite boutique. Ce métier, populaire dans la Normandie de l’époque, est au croisement des mondes rural et urbain, offrant un lieu de rencontre pour les villageois et les voyageurs.
Le 27 octobre 1889, Marie Louise donne naissance à son fils unique, Henri Julien. Ce moment marque un tournant heureux dans sa vie, alors qu’elle embrasse le rôle de mère.
La fin du XIXᵉ siècle est une période difficile pour les femmes de milieux modestes. Elles doivent jongler entre leur rôle de mère, les responsabilités professionnelles et les attentes sociales. En tant que débitante, Marie Louise est au cœur de la vie sociale de son village, mais cette activité demande également une gestion rigoureuse et une énergie constante.
Malheureusement, le 30 juillet 1892, à seulement 29 ans, Marie Louise s’éteint à Rolleville. Son décès survient dans un contexte où la médecine reste encore limitée, en particulier dans les zones rurales. Elle laisse derrière elle son fils Henri Julien, alors âgé de 3 ans, et son mari Henri Émile, qui devra poursuivre seul leur rêve de vie commune.
Marie Louise GOUGEARD représente l’histoire de tant de femmes de sa génération : des vies souvent courtes, mais riches de travail, de résilience et de dévouement familial. Bien que son passage sur Terre ait été bref, ses contributions à sa famille et à sa communauté demeurent ancrées dans la mémoire collective.