Rose Véronique GOUGEARD (1822-1850)
Nait le 29 juillet 1822, à Bec-de-Mortagne, en Normandie. Elle voit le jour dans une France marquée par la restauration monarchique après les bouleversements de la Révolution française et les guerres napoléoniennes. Le roi Louis XVIII règne alors sur une nation en quête de stabilité. En Normandie, région agricole et industrieuse, la vie reste dominée par les rythmes de la terre et des traditions rurales.
Rose est la fille de Jean Pierre GOUGEARD, un jeune maître meunier et garde-magasin, et de Florence Véronique LEGRAND, fileuse de lin. Les moulins sont encore des lieux stratégiques, symboles d’une économie pré-industrielle où la production de farine est essentielle pour nourrir une population en pleine croissance après les périodes troublées.
Durant l’enfance de Rose, la Normandie est le théâtre d’un développement progressif des infrastructures sous l’impulsion des politiques de modernisation. Le réseau routier s’améliore, facilitant le commerce des produits agricoles, tandis que les premiers chemins de fer commencent à être envisagés.
Rose grandit dans un foyer où le travail est omniprésent : son père exploite un moulin, tandis que sa mère file le lin, une culture emblématique de la région. À seulement 17 ans, Florence Véronique incarne la réalité des femmes de cette époque, souvent mariées jeunes et impliquées dans des tâches multiples. Ces responsabilités, Rose les héritera.
À 22 ans, Rose épouse Ferdinand Iréné LACHEVRE, un ouvrier maréchal-ferrant, le 29 octobre 1844. Ce mariage se déroule sous la monarchie de Juillet (1830-1848), dirigée par le roi Louis-Philippe Ier, surnommé le "roi bourgeois". Pendant cette période, les campagnes ressentent les premiers effets de la révolution industrielle, mais la vie reste centrée sur l’agriculture et les métiers traditionnels comme celui de Ferdinand.
Le métier de maréchal-ferrant de Ferdinand est indispensable dans un monde où les chevaux assurent le transport des biens et des personnes. Leur union est marquée par la simplicité et un profond enracinement dans les valeurs rurales.
Entre 1845 et 1849, Rose donne naissance à quatre enfants : Florence Amande (1845), née quelques mois après la révolution de février 1848 qui a vu la monarchie tomber, ouvrant la voie à la Deuxième République. Léopoldine Florestine (1846), qui grandira dans une période marquée par l’instabilité politique, mais aussi par des espoirs de justice sociale et de progrès. Ferdinand Louis (1848), né l’année de l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte comme président de la République, symbole de la tension entre traditions monarchiques et idéaux républicains. Charles Alfrede (1849), le dernier-né, arrive alors que le pays se dirige lentement vers le Second Empire.
Ces naissances rapides témoignent de la vitalité du couple, mais aussi de la difficulté des femmes de cette époque, souvent épuisées par les grossesses rapprochées et le travail quotidien.
La Normandie, région dynamique, commence à ressentir l’impact des premières révolutions industrielles. Le textile, dont le lin est un des piliers, fait face à la concurrence des nouvelles machines à tisser, bouleversant des métiers comme celui de la mère de Rose. De son côté, Ferdinand voit sans doute son métier évoluer avec l’introduction progressive de machines agricoles et de nouveaux outils en fer forgé.
Les réformes agricoles et les innovations techniques promettent un avenir plus stable, mais elles s’accompagnent aussi d’une précarité accrue pour ceux qui ne peuvent s’adapter aux changements.
Le 21 décembre 1850, Rose s’éteint à l’âge de 28 ans, à Montivilliers, laissant derrière elle un mari et quatre jeunes enfants. La cause de son décès n’est pas connue, mais elle pourrait être liée aux complications fréquentes des grossesses ou aux conditions sanitaires précaires de l’époque.
Ce décès survient dans une période de bouleversements politiques majeurs. Quelques jours plus tôt, le 2 décembre 1850, Louis-Napoléon Bonaparte a pris le pouvoir par un coup d’État, mettant fin à la Deuxième République et posant les bases du Second Empire. Ces événements marquent un tournant pour la France, mais ils n’ont probablement que peu d’impact immédiat sur la vie de Ferdinand et de ses enfants, concentrés sur leur survie quotidienne.
Rose Véronique GOUGEARD est représentative de millions de femmes de son époque. Elle a traversé des années marquées par les révolutions, la modernisation et les transformations rurales, tout en consacrant sa vie à sa famille et à son foyer. Sa descendance, née dans un monde en pleine mutation, portera les marques de ces bouleversements.
Les enfants de Rose grandiront dans une France où le Second Empire (1852-1870) apportera des transformations économiques et sociales importantes. Les premiers chemins de fer, notamment en Normandie, ouvriront des horizons plus larges, et les réformes de Napoléon III influenceront directement leur quotidien.