Simone Élise Germaine Gougeard (1914 – 1977)
Simone Élise Germaine Gougeard est née au Havre, en Normandie, dans la fraîcheur d’un lundi d’hiver, le 12 janvier 1914, à zéro heure trente, rue de la Verrerie. À cette époque, la Première Guerre mondiale faisait rage. La ville portuaire du Havre, bien qu’épargnée des combats, était en effervescence, servant de base arrière stratégique pour l’effort de guerre. La naissance de Simone symbolisait un rayon d’espoir dans un contexte d’incertitude mondiale.
Fille de Gaston Jules Gougeard, contremaître verrier âgé de 25 ans, et de Germaine Émilienne Delphine Foucart, ménagère de 19 ans, Simone a grandi dans une famille modeste mais soudée. Son frère aîné, Fernand Gaston Louis, était né deux ans avant elle, et au fil des années, la fratrie s’agrandit avec Madeleine Yvonne, Germaine Marcelle, Yvonne Georgette, et enfin le benjamin, Pierre Edmond.
Le métier de verrier de Gaston inscrivait la famille dans la tradition industrielle de la région. Cette période de l’entre-deux-guerres fut marquée par une modernisation rapide des techniques de verrerie, mais aussi par des conditions de travail difficiles, souvent sources d’instabilité économique et sociale.
En 1931, à l’âge de 17 ans, Simone suivit les traces de son père et travailla comme verrière au Havre, au 68 rue Alphonse Toures. C’était un métier exigeant, mêlant précision et résistance aux conditions parfois éprouvantes des ateliers. Elle vivait encore avec ses parents et ses frères et sœurs, dans un petit logement modeste, typique des familles ouvrières de l’époque.
Mais les années 1930 furent aussi marquées par la Grande Dépression, qui affecta durement l’économie française. Les familles ouvrières du Havre, comme celle de Simone, durent faire preuve de résilience face aux pénuries et aux licenciements.
Le vendredi 28 avril 1933, à l’âge de 19 ans, Simone épousa Georges Jules Baly, un chauffeur verrier de 31 ans, au Havre. Ce mariage marqua un tournant dans sa vie. Peu de temps après, en mai 1933, sa mère Germaine mourut prématurément à l’âge de 37 ans, laissant Simone orpheline de mère et responsable de ses frères et sœurs, en particulier du petit Pierre Edmond, âgé de seulement 3 ans.
Un an plus tard, en novembre 1934, Simone perdit également son père Gaston, à l’âge de 45 ans. Ce double deuil bouleversa la jeune femme, qui, malgré son jeune âge, prit la responsabilité de veiller sur sa famille. Avec son mari Georges, elle éleva Pierre Edmond comme son propre fils, créant ainsi un lien indéfectible entre eux. Georges, homme strict mais aimant, joua un rôle de père pour le jeune garçon.
Simone passa sa vie à travailler, évoluant dans divers métiers. En 1960, elle quitta le Havre pour s’installer à Épinay-sur-Seine, en région parisienne, où elle devint femme de ménage au Studio Éclair, un célèbre établissement lié au monde du cinéma. Cette période marqua un nouveau chapitre pour Simone, qui côtoya indirectement l’effervescence culturelle de l’après-guerre.
Entre 1960 et 1977, Simone et Georges s’installèrent à Saint-Denis, au 1 rue Guynemer. Ce fut une période stable mais marquée par la perte : en 1964, Georges mourut d’une maladie, laissant Simone veuve à l’âge de 50 ans.
Simone Élise Germaine Gougeard s’éteignit le 22 décembre 1977 à Saint-Denis, à l’âge de 63 ans. N’ayant pas eu d’enfants, elle laissa derrière elle le souvenir d’une femme courageuse, qui avait fait preuve de résilience face aux épreuves de la vie. Élevée au rang de figure maternelle par son frère Pierre Edmond, elle fut aimée et respectée par les générations suivantes, qui continuèrent à l’appeler affectueusement « Mémère ».
Simone repose parmi les indigents, mais son histoire reste vivante, un témoignage de la force des femmes ouvrières du XXe siècle, traversant guerres, révolutions industrielles et bouleversements sociaux. Sa vie reflète non seulement celle d’une famille, mais aussi celle d’une époque.